FEUTRE
Il a pris un feutre. Un marqueur indélébile. Il m’a fait m’allonger sur mon lit d’hôpital. Il a ôté le capuchon et il a relevé ma blouse. Il a posé la mine froide sur ma peau effrayée et il a tracé une ligne. Partant du milieu de mon thorax, le feutre a filé plus bas. Un peu plus bas. Puis autour de mon nombril. Puis encore un peu plus bas pour croiser ma cicatrice de césarienne. Et encore plus bas pour s’arrêter enfin au milieu de mon pubis. Puis il a rebouché son feutre. Laissant sur mon ventre cette trace atroce. Cette vision de mon futur proche. Demain. Demain, c’est sur cette ligne que la lame glisserait. Demain, mon ventre s’ouvrirait en deux et, écartelée, je laisserais des hommes et des femmes masqués prendre soin de mes entrailles. Il a fait cela pour me préparer psychologiquement. Pour que je visualise bien ce qui allait m’arriver. J’ai bien visualisé et je me suis effondrée.